ANEMPA – Association Neuchâteloise des Etablissements et Maisons pour Personnes Agées

Bien vivre au grand âge, en EMS ou ailleurs

 

L’Association neuchâteloise des établissements et maisons pour personnes âgées (ANEMPA) œuvre en faveur des conditions-cadres des institutions médico-sociales. Les parcours de vie des aînés hautement fragilisés sont de moins en moins linéaires et nécessitent des solutions flexibles dans une logique de continuité. Dans un environnement sous pression, le secteur médico-social se réinvente et travaille sans relâche pour développer et maintenir les prestations et compétences nécessaires. Ces enjeux, parmi d’autres, occupent sa Secrétaire générale, Fabienne Wyss Kubler, qui répond aux questions de Bien Vivre.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est et fait l’ANEMPA?

Il s’agit de la principale faîtière des institutions neuchâteloises pour personnes âgées, celle qui fédère les organisations à but non lucratif. Créée il y a plus d’un demi-siècle, l’ANEMPA a évolué avec la complexification des enjeux socio-sanitaires. Elle est aujourd’hui un pôle d’expertise pour l’accompagnement de longue durée en milieu institutionnel. Ses 27 institutions membres accueillent quelque 1500 bénéficiaires et emploient 1800 collaborateurs pour environ 1300 postes dans les soins et le secteur socio-hôtelier. Forte de son ancrage dans un réseau cantonal et supra-cantonal, l’ANEMPA est une interlocutrice de référence dans le domaine du grand âge au sens large. Son engagement vise notamment à défendre et à promouvoir la qualité et les spécificités de l’accueil, de l’hébergement et de l’accompagnement médico-sociaux. L’ANEMPA contribue ainsi également aux enjeux de la prise en charge des personnes âgées favorisant le maintien à domicile.

Quelles sont les actions menées par l’ANEMPA?

Le rôle intrinsèque de notre association est le soutien apporté à ses institutions membres, au service des personnes âgées qu’elles accueillent et de leurs proches, ainsi que de leurs collaborateurs. Pour cela, l’ANEMPA se fonde sur la mutualisation des connaissances et des compétences qu’elle réunit pour assumer ses missions de facilitation selon quatre axes : l’information, la représentation, le développement de solutions et la coordination. Ses actions doivent contribuer à l’amélioration des prestations médico-sociales et à la défense des intérêts de la personne âgée accueillie en milieu institutionnel dans le respect de la charte éthique de l’ANEMPA. Cela va de l’intégration des meilleures pratiques gériatriques à la négociation en matière de financement et de conditions de travail, en passant par l’organisation de formations, le développement d’outils informatiques ou la sensibilisation sur la réalité du grand âge.

Quelle est la situation du canton de Neuchâtel en matière de prise en charge des personnes âgées?

La situation neuchâteloise est celle qui prévaut dans tous les cantons romands, avec une saturation des lits hospitaliers et médico-sociaux. Le développement du soutien à domicile se poursuit, tout comme celui des prestations intermédiaires – court séjour, accueil de jour, appartements avec encadrement – auquel les institutions ANEMPA contribuent de manière prépondérante. Les situations accueillies sont toujours plus complexes sur le plan somatique, avec une forte augmentation de la prévalence des démences. Par ailleurs, la planification médico-sociale cantonale prévoit désormais la création de 600 nouveaux lits d’EMS jusqu’en 2035 pour faire face au vieillissement de la population, tandis que le plan de modernisation des infrastructures existantes est enfin entré dans une phase concrète. Toutes ces réformes visent à soutenir les trajectoires des personnes âgées dans le réseau socio-sanitaire afin qu’elles puissent avoir accès aux prestations les plus adaptées à leur état de santé bio-psycho-social.

Face à ces enjeux, comment se positionnent les institutions de l’ANEMPA?

Nos institutions membres participent pleinement aux développements actuels, s’attachant à adapter l’offre médico-sociale aux besoins. Dans ce processus, fortes du but non-lucratif qui caractérise leur activité, elles se projettent dans de nouveaux modèles de prise en charge, articulant offres stationnaires et ambulatoires. Elles doivent toutefois œuvrer avec beaucoup de « vents contraires », tels que des modèles de financement devenus inadaptés, des exigences administratives parfois démesurées, des ressources humaines qui se raréfient. Dans ce contexte, l’ouverture à l’innovation sur le plan technologique et organisationnel est essentielle, tout comme une posture réactive et pragmatique.

Est-il difficile de former et recruter dans le domaine du grand âge?

Les choses à cet égard sont en train de changer car l’image historiquement peu attractive dont souffre notre secteur d’activité évolue, au gré des nombreuses opportunités professionnelles qu’il offre et offrira toujours plus. Les métiers en EMS sont encore souvent méconnus mais ils luttent, mieux que par le passé, contre les stéréotypes négatifs sur la vieillesse et la fin de vie auxquels ils sont associés. L’ANEMPA œuvre depuis de nombreuses années pour déconstruire ces idées préconçues et promouvoir la richesse du travail en EMS. Les défis y sont stimulants et les soins et l’accompagnement de longue durée ont de réels atouts à faire valoir pour les jeunes, et moins jeunes, talents.

Beaucoup disent préférer mourir plutôt que d’entrer en EMS. Qu’avez-vous envie de leur dire?

J’aimerais leur dire que je les comprends et que, bonne nouvelle, la très grande majorité des aînés vieillissent à domicile jusqu’à la fin de leur vie puisque moins de 5% des personnes en âge AVS vont en institution. L’EMS répond aux besoins en soins et en accompagnement du très grand âge quand l’état de santé physique ou psychologique ne permet malheureusement plus de rester chez soi. Saviez-vous que les aînés sont encore deux tiers à vivre à domicile à plus de 90 ans ?! Entrer en EMS n’est donc pas la première ni la seule option pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Mais appréhender la question quand les forces vacillent n’est pas facile, car cela nécessite une anticipation qui s’accompagne de certains deuils : admettre que l’indépendance s’en va progressivement, accepter un soutien externe, constater que son logement n’est plus adapté à son état de santé en sont quelques exemples. Beaucoup de personnes très âgées retardent ces renoncements jusqu’à ce que l’EMS devienne brutalement la seule option, souvent après une hospitalisation.

Quels sont les défis de demain pour les institutions médico-sociales?

Les modèles médico-sociaux sont en pleine évolution et beaucoup est à construire, par exemple en termes d’articulation des prestations ou d’interdisciplinarité des équipes. Les fonctionnements actuels sont encore trop largement influencés par l’histoire de la professionnalisation des prestations et des métiers impliqués. Cet héritage influence toujours les dynamiques, par exemple en termes de partage du travail ou de culture organisationnelle. Dans le mouvement de complexification accrue des prises en charge et de pression croissante sur les ressources, il s’agira de prendre des options innovantes pour faire face aux besoins croissants de la population la plus âgée et la plus vulnérable. La qualité de l’accompagnement dépendra également de la capacité à préserver les spécificités de l’accueil médico-social, qui font des institutions des lieux de vie autant que des lieux de soins. Tout cela sans perdre l’essentiel : la dignité de la personne âgée et son droit à l’auto-détermination.

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